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Photo du rédacteurguilbautpierre

Street art et Lyon

Philadelphia Inquirer, cornbread has retired
Philadelphia Inquirer

Lyon capitale des murs peints ! C’est un titre qui se rajoute aux nombreux autres (notre visite « Lyon Capitale du monde » le démontre bien) ! S’il est vrai qu’on adore contempler le mur des Canuts, la Fresque des Lyonnais ou se balader dans le musée urbain Tony Garnier, il existe une autre forme d’art présente dans nos rues, similaire sur certains points et pourtant très différente : le street art.

Street art, graffiti, tag, post graffiti… Il existe de nombreux termes pour presque autant de définitions et de pratiques différentes, mais qui se retrouvent toutes sur les murs lyonnais, parfois visibles uniquement lorsqu’on les cherche...


Mais d’où vient le street art ?

Tout commence à Philadelphie (US) dans les années 60. Quelques jeunes se mettent à écrire leur nom ou leur pseudo sur les murs de la ville, dans les bus ou les métros. 

C’est la naissance du « writing » (du verbe “write” : écrire), que nous appelons généralement le « tag » (“ tag” : étiquette, étiqueter ou jouer à chat).


Le mouvement se répand dans les grandes villes, notamment à New York où il prend de l’ampleur. Le nombre de writers augmente très rapidement, et tous ont pour objectif de « conquérir » leur ville et d’être visibles en multipliant leur signature.

Le mouvement finit par évoluer car les writers sont nombreux et un style à part devient la seule manière de se départager des autres. Nous passons ainsi du « tag » au « graffiti ». Les pièces deviennent plus grosses, plus colorées, plus recherchées et élaborées…


métro avec le lettrage de Dondi
Lettrage de Dondi – 1980 / Photo : © Martha Cooper 

En Europe et en France, on découvre ce mouvement notamment dans les années 80 et surtout grâce à la culture hip hop et sa diffusion qui permet de faire connaître ces pratiques.


Le writing et le graffiti ouvrent la voie au street art. Une nouvelle génération d’artistes reprennent le concept du travail dans la rue mais en s’émancipant du graffiti et du writing : c’est la naissance du street art, ou post graffiti.


En France les premiers street artistes travaillent au pochoir à partir du début des années 80 : Blek le rat, Miss Tic, Ernest Pignon Ernest… Mais le mouvement va aussi prendre de l’ampleur et les artistes et techniques vont se multiplier au fil du temps. Là où le graffiti et le tag sont généralement réalisés à la bombe de peinture ou au marqueur, le street art comprend plus de techniques et de matériaux (spray, pochoirs, affiches, sculptures…).



Les Pentes de la Croix-Rousse : berceau du street art à Lyon, mais pourquoi ?


Si le street art tend à se propager dans le reste de la ville (dans le 7eme arrondissement notamment), ce sont bien les pentes de la Croix-Rousse qui restent le « lieu » du street art à Lyon. Cela peut s’expliquer de plusieurs manières :

La Croix-Rousse, un quartier contestataire

La Croix-Rousse est un quartier historiquement contestataire, depuis les révoltes des canuts, le mutuellisme et les structures autogérées jusqu’au berceau de la scène punk lyonnaise dans les années 70. Le graffiti et le street art sont effectivement liés à des mouvements alternatifs et underground comme le punk et le hip hop.

Ecole des Beaux-Arts

Un quartier d'artistes

Une géographie

Des techniques et des artistes

Il existe de nombreux street artistes à Lyon et tous les présenter constituerait l’objet d’une thèse. Néanmoins, voici un petit florilège d’artistes officiant dans notre ville !


Ememem

Œuvre de Ememem rue Générale Sève
Œuvre rue Générale Sève

L’art d’ Ememem est né en 2016 sur un trottoir endommagé. Depuis, l’artiste répare la rue et met des paillettes dans les yeux des passants. Il invente le terme de “flacking”, pour désigner ce nouvel “art de réparer les trous en sublimant”, avec des compositions très colorées qui éclatent le gris du bitume.




Œuvre rue des tables Claudiennes
Œuvre rue des tables Claudiennes
« Un jour, j'ai comblé des brèches avec des chutes de mosaïque pour rafistoler et colorer l’entrée de notre atelier partagé dans une traboule de Lyon. Quelques années plus tard - j'avais alors un autre atelier - un véritable énorme nid de poule m’accueillait chaque matin. Je me suis rappelé de l’effet sur les petites interstices du précédent lieu et j'ai tenté l'expérience XXL. ».

Don Mateo

Don Mateo grandit avec la culture hip-hop et se passionne pour le graffiti. Il s’installe à Lyon en 2010 et fait de la ville son nouveau terrain de jeu. Très vite, il revêt les murs de la ville de ses fameux portraits. Ce qui l’anime ? « Agir comme antidépresseur urbain et questionner la peinture ! ».

« Je m’inspire de la vie en général et puis je fais selon mes envies… Mes pièces sont parfois engagées mais ce n’est pas de l’activisme. C’est plutôt une expression, un regard sur un sujet ».
Quai Victor Augagneur, œuvre de Don Mateo
Quai Victor Augagneur

Ses supports et techniques sont très divers : la toile, le bois, les objets de récupérations, le papercut, le pochoir… Il aime et s’adapte à tout, chaque support ou technique étant une façon différente de dialoguer avec la rue et les passants.







« C’est vital, la rue c’est ma liberté, je fais ce que je veux quand je veux avec pour intérêt d’être content de moi, j’aime également la réaction des gens, je suis attaché à l’échange que cela peut produire. La rue est un espace de création magique qui inspire, qui excite, qui fait vibrer et qui rend libre ».

Intra Larue

Avez-vous déjà croisé ces seins colorés qui ornent les murs de Lyon ? Rires, gêne, ou encore curiosité, ces sculptures font systématiquement réagir.


A l’origine, Intra Larue réalisait des sculptures en plâtre de ses seins pour s’amuser. Puis elle a commencé à les fixer sur les murs de Paris et d’autres villes, brisant ainsi les tabous et insufflant dans les rues un peu de liberté, de délicatesse, de provocation et de progressisme.


Chacune de ses œuvres est unique et a son propre univers. Leur emplacement n’est pas dû au hasard : ses seins doivent être visibles, même s’ils se fondent parfaitement dans le mobilier urbain. On peut parfois passer à côté sans s’en rendre compte ! 

Elle utilise également un plâtre fragile pour que l’œuvre se brise si quelqu’un tente de l’enlever. Comme ils sont presque impossibles à voler sans les détruire, la fragilité de ses seins protège leur intégrité.


Cap Phi


Cap Phi est lyonnais et autodidacte. Avec le skate-board, il découvre la rue. Et avec les dessins animés, il a ses premiers contacts avec le dessin.

Phi est toujours sensible à son environnement et à ceux qui peuvent l’embellir…

« Si un mur est beau et se suffit à lui-même, je ne pose pas, c' est gâcher ! ». 

Tout d’abord contemplatif, il se balade en ville à la recherche de diverses expressions de street artistes. Après une longue hésitation, il plonge et se met au street art « …pour devenir acteur de ce que j’aime ».


Cap Phi a semé dans la ville une myriade de petits monstres très expressifs et hauts en couleurs, illustrant son humeur du moment. Son bestiaire est peuplé de dragons, de poulpes, d’amazones, de dryades et autres créatures, parfois insolentes ou provocatrices, mais toujours attachantes.


Si vous voulez en savoir plus sur Cap Phi, il participera à une série de visites pendant la période du festival Peinture Fraîche 2024. Vous pourrez lui poser plein de questions en visite, ou dans notre bar puisqu’il expose du 5 octobre au 2 novembre 2024 !


Beaucoup d’autres artistes sillonnent les rues de Lyon et leurs œuvres sont sans cesse renouvelées. Partez à leur rencontre en venant suivre l'une de nos visites ! Ce sera l’occasion de découvrir, de voir et discuter des œuvres et aussi de s’essayer à devenir de véritables chasseurs de street art !


Promotion du Street art à Lyon

Si votre soif de street art urbain et spontané n’est pas rassasié par nos visites, n’hésitez pas à vous intéresser aux différents événements et festivals lyonnais !

Le festival Peinture Fraîche investit chaque année le périmètre urbain de la métropole de Lyon. Cette année, le festival aura lieu du mercredi 9 octobre au dimanche 3 novembre 2024 dans l’ancien collège Serin. Nouveau lieu et nouvelle dimension pour 2024 avec des thèmes liés au digital !

Il existe aussi quelques lieux d’expression libre, comme le skate park à côté de la place du Maréchal Lyautey, près de Foch, où les graffeurs peuvent s’adonner à leur art.

Vous pouvez également aller au collège Maurice Scève, qui est actuellement converti en centre d’accueil pour les migrants, et qui est recouvert d’innombrables fresques et graffitis.


Dans le 7ème arrondissement, vous pouvez trouver plusieurs fresques entre Saxe Gambetta et Jean Macé. L’extérieur de la Halle Debourg est également recouverte d'œuvres de street art.

Si vous avez l’occasion, ouvrez les yeux sur le périphérique (sans prendre de risque, faites-le en tant que passager, c’est mieux). Il y a de nombreux graffitis mais aussi des fresques de grandes tailles de l’artiste Pec (ancien membre du collectif Birdy Kids), et des détournements de tableaux électriques.


Si vous avez l’âme et la pratique de débusquer des œuvres dans notre ville, envoyez-nous vos coups de cœur et vos plus belles photos de street art.


Bibliographie


Crouet Christelle, “Qu’est-ce que le Street Art ? petite histoire et œuvres urbaines”, Beware Magazine, 14 août 2023.


Faucheur Jean, Étude nationale sur l’art urbain, Le M.U.R (Modulable, Urbain et Réactif), 2019.


Granoux Olivier, “Aux origines du street art #1 : le graffiti new-yorkais (1942-1983)”, Telerama, publié le 01 décembre 2015, mis à jour le 08 décembre 2020.



Steen Benjamin, “Street art : des seins portés aux nues”, Le Progrès,  01 avril 2017, mis à jour le 05 avril 2017. 


JEAMMAUD Julie, VIÉVARD Ludovic, “[Portfolio] Street art dans les rues du Grand Lyon : quelles pratiques, quelles intentions ?”, Millénaire3, 10/08/2021.


Les artistes


“A propos de Don Mateo”


“Petite Poissone / Don Mateo, Femme, Homme, mode d'emploi”, Le Cabinet d’amateur


“Don Mateo. La sensibilité comme moteur de son street art”, Street art Lyon.


“Exposition DeFacto#0 : Cap Phi”, Street art Lyon, 30 avril 2015.


“CAP PHI street art et petits monstres”, Street art Lyon.



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